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 LE CHEMIN DES ECOLIERS

 

Chanson 1 : Mourir pour des idées Page 1

Chanson 2 : La fille à cent sous Page 1

Chanson 3 : Don Juan Page 1

Don Juan

(1976)

Gloire à qui freine à mort, de peur d'écrabouiller,

Le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé,


Et gloire à Don Juan, d'avoir un jour souri,

A celle à qui les autres n'attachaient aucun prix !

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

Gloire à = hommage à


fourvoyé
= détourné du bon chemin, égaré


Don Juan = personnage de théâtre apparu dans la pièce de l’Espagnol Tirso de Molina, repris entre autres par Molière et l’opéra de Mozart, devenu nom commun (donnant les adj. donjuanesque, donjuanisme), prototype du séducteur sans scrupules

Gloire au flic qui barrait le passage aux autos,

 

Pour laisser traverser les chats de Léautaud

 

Et gloire à Don Juan d'avoir pris rendez-vous,

Avec la délaissée, que l'amour désavoue


Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

Flic fam. depuis le XIXème siècle pour agent de police (peut-être de l’argot allemand flick jeune homme, garçon)

Paul Léautaud (1872-1956) Ecrivain vivant en solitaire dans son pavillon de Fontenay-aux-Roses, avec 300 chats…



Désavouer = ne pas reconnaître pour sien (avouer vient du latin advocare = appeler près de soi)

Gloire au premier venu qui passe et qui se tait,

Quand la canaille crie : « Haro sur le baudet ! »

 

 

 

 

Et gloire à don Juan pour ses galants discours,

A celle à qui les autres faisaient jamais la cour

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

premier venu = n’importe qui, un homme pris au hasard dans la foule



canaille
de l’italien canaglia (meute de chiens)

Haro ancien cri d’appel venu du franc hara, ensuite crier haro est devenu un cri de dénonciation. Crier « Haro sur le baudet ! » est une expression qui vient de La Fontaine dans la fable « Les animaux malades de la peste » où les animaux, à la recherche d’une victime expiatoire, désignent l’âne (« baudet ») et se jettent sur lui.

 

 Et gloire à ce curé sauvant son ennemi,

 

Lors du massacre de la Saint-Barthélémy !

 

 

 

 

 

 

Et gloire à don Juan qui couvrit de baisers,

 

La fille que les autres refusaient d'embrasser

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

 

 

 

 

 

 

Saint-Barthélémy le 24 août 1572, la reine mère Catherine de Médicis, inquiète de la volonté de vengeance des nobles protestants après l’attentat contre l’amiral Coligny, convainc le roi Charles IX de les faire assassiner. La folie populaire en fera un massacre de protestants qui s’étend à tout le royaume

 

 

 

 

 



 

 

Et gloire à ce soldat qui jeta son fusil,

 

 

Plutôt que d'achever l'otage à sa merci !

 

Et gloire à don Juan d'avoir osé trousser,

 

Celle dont le jupon restait toujours baissé

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

 

 

merci ici dans le sens dérivé de grâce, pitié. La vie de l’otage dépend de la grâce accordée par le soldat.

 

trousser = relever un vêtement dans une intention érotique

 

Gloire à la bonne sœur qui, par temps pas très chaud,

Dégela dans sa main le pénis du manchot !

Et gloire à don Juan qui fit reluire un soir,

Ce cul déshérité ne sachant que s'asseoir !

Cette fille est trop vilaine, il me la faut

bonne sœur = religieuse


manchot désigne aussi une personne amputée de ses deux bras…

reluire = faire briller, ici dans le sens fam. de l’acte sexuel

deshérité ici dans le sens de privé des avantages normalement donnés par la nature

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint,

Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins !

Et gloire à don Juan qui rendit femme celle,

Qui, sans lui, quelle horreur ! serait morte pucelle !


Cette fille est trop vilaine, il me la faut

sacro-saint à la fois saint (donc vénérable) et sacré (donc intouchable)
Se borner = se contenter de, se limiter à

rendit femme expression fam. pour la perte de la virginité

pucelle = vierge

 

 

 

Didier Agid